Ultimatum des Houthis à Israël : si l'aide n'entre pas à Gaza, le Yémen reprendra le blocus naval
Par Shuaib Almosawa, le 8 mars 2025
Dans un discours télévisé, le dirigeant houthi Abdulmalik al-Houthi a déclaré que le Yémen ne restera pas les bras croisés face à la tentative d'Israël d'affamer Gaza pour la soumettre.
SANA'A, YEMEN - Le chef des Houthis du Yémen a lancé vendredi un ultimatum à Israël et aux médiateurs internationaux qui négocient l'accord de "cessez-le-feu" à Gaza : autoriser l'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée dans les quatre prochains jours, ou les Houthis relanceront leurs attaques maritimes et leur blocus contre Israël. Les Houthis, également connus sous le nom d'Ansar Allah, ont interrompu ces opérations à la suite de la signature de l'accord entre le Hamas et Israël le 19 janvier.
Dans un discours télévisé vendredi soir, Abdulmalik al-Houthi, le chef du mouvement, a déclaré qu'Israël doit ouvrir le checkpoint terrestre vers Gaza d'ici mardi ou en subir les conséquences.
"Si l'ennemi israélien persiste, d'ici quatre jours, à empêcher l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza et maintient le blocus complet des check-points, empêchant d'acheminer de quoi manger et des médicaments dans la région, nous reprendrons nos opérations navales contre l'ennemi israélien", a déclaré al-Houthi, selon une transcription publiée par l' agence de presse Saba. "Cette situation est inadmissible... Nos propos sont clairs, et nous contrerons le blocus par un blocus. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et assister aux actions agressives de l'entité israélienne cherchant à affamer le peuple palestinien dans la bande de Gaza".
Le dirigeant houthi a accusé Israël de tergiverser dans l'exécution de ses obligations au titre de l'accord sur Gaza, en particulier de celles liées à l'acheminement de l'aide humanitaire. Dans le cadre de la phase 1 de l'accord, Israël a accepté d'autoriser l'entrée à Gaza de 600 camions d'aide par jour, ainsi que d'un total de 200 000 tentes et 60 000 maisons mobiles sur une période de 42 jours. Le nombre de camions d'aide effectivement autorisés à entrer à Gaza a été bien inférieur au quota, tout comme les tentes, les maisons mobiles et le matériel d'excavation pour dégager les corps ensevelis sous les décombres. La semaine dernière, Israël a interrompu toutes les livraisons d'aide dans la bande de Gaza.
Al-Houthi a accusé Israël d'utiliser la rétention de vivres comme arme tactique, qualifiant cette pratique de
"crime de guerre et de crime contre l'humanité. Elle porte toutes les caractéristiques des crimes les plus graves et est considérée comme une agression à grande échelle".
Il a décrit les actions d'Israël depuis l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu comme un
"génocide par famine", déclarant que "ces actes ne peuvent être passés sous silence, ignorés ou écartés, car ils constituent une escalade majeure extrêmement dangereuse de la part de l'ennemi israélien. Avec le soutien, les encouragements et l'appui des États-Unis, l'ennemi israélien a pour objectif général d'aggraver la situation en Cisjordanie et à Jérusalem".
Il a cité quelques cas où, selon lui, Israël a pris des mesures agressives en Cisjordanie, notamment en détruisant des maisons et des mosquées, en déplaçant de force plus de 40 000 habitants, en kidnappant des Palestiniens et en restreignant l'accès à la mosquée d'Abraham à Hébron et à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem pendant le mois sacré du ramadan.
Al-Houthi a souligné que le Yémen adoptera une ligne claire face à l'escalade et à l'encouragement par les États-Unis des actions agressives d'Israël. La semaine dernière, le président Donald Trump a annoncé une vente d'armes supplémentaire de 12 milliards de dollars à Israël.
"La responsabilité est grande pour toute notre nation, et elle ne peut être assumée en ignorant, en renonçant à cette responsabilité, ni en tentant de nous soustraire à notre véritable devoir", a déclaré Al-Houthi. "Le sommet arabe en est la preuve, puisqu'il a publié une déclaration contenant [simplement] quelques souhaits, appels, exigences et appels à l'action".
Dans une déclaration publiée vendredi, le Hamas a salué le Yémen comme le "véritable" partenaire du camp palestinien.
"[Le Hamas] apprécie la décision des frères d'Ansar Allah, dirigés par Sayyed Abdul-Malik Badr al-Din al-Houthi, d'accorder quatre jours à l'ennemi sioniste avant de reprendre les opérations navales visant à imposer un blocus sur les ports de l'occupation", a déclaré le Hamas dans sa déclaration. "Nous appelons également nos peuples et les pays arabes et islamiques à prendre des mesures énergiques pour lever le blocus imposé à leurs frères de la bande de Gaza et à tout mettre en œuvre pour contrecarrer le plan de l'occupation fasciste visant à les affamer et à les priver de leur droit à la vie".
À la suite du blocus naval houthi et des frappes contre Israël depuis octobre 2023, le Yémen a fait face à une campagne militaire multinationale, menée par les États-Unis, le Royaume-Uni et des alliés européens afin de contrecarrer les attaques contre Israël et ses voies de navigation, mais elles se sont jusqu'à présent révélées inefficaces. L'administration Trump a récemment qualifié les Houthis d'organisation terroriste étrangère malgré les avertissements de la communauté internationale sur les conséquences dévastatrices pour les civils yéménites et la situation humanitaire globale au Yémen.
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